Retour sur la sécheresse 2020

 

INTRODUCTION

La ressource en eau est l’un des points les plus préoccupants dans ces périodes de dérèglement climatique marquées. Les causes de la sécheresse des cours d’eau sont souvent multifactorielles. On peut considérer que les paramètres principaux sont le manque de pluie et les prélèvements excessifs dans des périodes où la pression sur les débits des cours d’eau est déjà présente. N’oublions pas que 82 % des eaux consommées en France, soit environ 26 milliards de m3 proviennent des fleuves, des rivières et des lacs.

A travers ce retour d’expérience sur le suivi sécheresse 2020, nous allons vous présenter quelques paramètres et indicateurs permettant de mieux anticiper la gestion de crise en période estivale. Ces outils permettent de mieux protéger les milieux aquatiques mais aussi d’assurer un partage raisonné de la ressource afin de subvenir aux besoins les plus vitaux en eau.

Afin de faciliter la lecture de cet article, vous trouverez ci-dessous une carte reprenant les stations de mesures sur cours d’eau.

Suivi des débits hydrologie

Le suivi des débits est une préoccupation importante. Au centre des décisions réglementaires sur la gestion de la ressource en eau, il nous paraissait important de présenter ce paramètre en premier. Plusieurs stations de mesures sont présentes sur le périmètre du SAGE Cher aval. Dans cette restitution nous nous consacrerons aux trois principales. La première est celle de Tours au pont Saint-Sauveur, présentant comme avantage d’être la plus en aval du territoire et par conséquent permet de mettre en évidence les enjeux quantitatifs de la ressource superficielle sur l’ensemble du bassin versant du Cher (Cher amont, Cher aval, Yèvre-Auron et Sauldre). La seconde est une mesure sur la rivière le Cher, elle se situe à Selles-sur-Cher et permets d’obtenir un point « intermédiaire » sur le SAGE Cher aval. La dernière station se situe à Meusnes sur l’affluent, le Fouzon.

Dans le cadre de ses missions, la cellule d’animation du SAGE Cher aval a développé en interne sur son site internet, un suivi des débits « temps réel » ouvert à tous et que vous pouvez retrouver à ce lien :

http://www.eptb-loire.fr/Cartographie/html/cher-aval/index_debit.html

Vous retrouvez les stations présentées ci-dessus ainsi que les seuils réglementaires et des comparaisons avec certains débits. Ces données se consacrent uniquement aux suivies de la période d’étiage pour des raisons de rendus graphiques.

A titre d’exemple, ci-dessous vous pouvez observer l’outil appliqué à la station de Tours sur le Cher au niveau du Pont St-Sauveur.

On peut noter que la courbe en bleu foncé, représentant le débit moyen quotidien mesuré sur l’année 2020, est située de manière globale entre le débit médian et le VCN3 de fréquence quinquennale avec quelque passage sous cette dernière. Pour rappel le VCN3 de fréquence quinquennale est le débit moyen minimale sur les 5 dernières années calculé sur 3 jours consécutifs. Ce débit permet de caractériser une situation d’étiage sévère sur une courte période.

A cela s’ajoute deux lignes en pointillées le DSA (Débit de Seuil d’Alerte) et le DCR (Débit de CRise). Ces deux débits sont définis réglementairement dans le SDAGE et ont un rôle dans le cadre de la gestion de crise. Les seuils définis pour chaque station de suivie sont repris dans les arrêtes cadres sécheresse présents sur les 4 départements couvrant le périmètre du SAGE Cher aval. A ceci s’ajoute sur certains départements le DAR (débit d’alerte renforcé).

Sur les 3 stations présentés, nous avons extrait le nombre de jours où le débit moyen quotidien est passé sous ces différents seuils sur la période du 1er mai au 26 octobre 2020.

Une forte disparité est présente entre la partie médiane et la partie aval du cher sur sa partie aval. La station de Selles-sur-Cher est passée 61 jours sous le débit critique alors que le débit à la station de Tours n’est passé que 2 jours en dessous. Il est à noter aussi la similitude entre les stations de Selles-sur-Cher et du Fouzon à Meusnes.

Nous pouvons mettre en corrélation l’application des arrêtes cadres sécheresse des 4 départements (CHER, INDRE, INDRE ET LOIRE et LOIRE ET CHER) à la suite de la concertation organisée à travers la gestion de la sècheresse animée par les DDT.

Ci-dessous vous trouverez le bilan des arrêtés sécheresse des différents départements du territoire du SAGE Cher aval.

D’autres outils nous permettent de mieux appréhender la question de la ressource en eau en période de crise. En effet dans ce premier indicateur nous nous consacrons au Cher et à ces plus grands affluents. Mais qu’en est-il des têtes de bassin versant ?

Réseau ONDE

Suite à la fin du dispositif ROCA (Réseau d’observation de crises des assecs) en 2011, un nouveau dispositif a pris le relais l’Observatoire National Des Etiages (ONDE). Le réseau porté par l’Office Française pour la Biodiversité caractérise les étiages estivaux par l’observation visuelle du niveau d’écoulement de certains cours d’eau.

Comme vous pouvez le voir ci-dessous, une vingtaine de points d’observation sont présents sur le périmètre du SAGE Cher aval.

Plusieurs assecs ainsi que des écoulements visibles faibles ont pu être observés sur des têtes de bassin versants comme par exemple sur le Fouzon. Ce suivi est nécessaire et permet de mieux anticiper la gestion de crise de la ressource en eau. Les réseaux de suivi des débits ne pouvant pas être présents sur l’ensemble de nos rivières, la complémentarité du réseau ONDE est un atout indéniable pour la prévention et la préservation de la biodiversité présente sur ces cours d’eau de tête de bassin versant.

Suivi piézométrique des masses d’eau souterraines

Après avoir présenté les deux suivis réalisés sur les masses d’eau superficielles, il sera question de s’intéresser aux masses d’eau souterraines.

En juin 2020, la totalité des piézomètres (hormis le cénomanien à Tours) présentait un niveaux à la baisse avec une tendance marquée pour des niveaux déjà très bas par rapport à la moyenne.

Deux stations piézométriques ont été choisies de par leur mise en évidence dans le Bulletin de Situation Hydrologique Régionale.

La première station est située à Monbazon. Aussi appelée indicateur cénomanien Touraine, il permet de visualiser la partie aval du bassin versant du Cher et de présenter une des nappes souterraines les plus sensible du territoire (enjeu AEP).

Le graphique ci-dessus présente deux tendances bien distinctes, la première s’exprimant du début de la chronique à 2005. Cette période présente une forte variabilité interannuelle. En revanche entre 2005 et aujourd’hui, la courbe est beaucoup plus lisse et chute significativement. Cette réalité est d’autant plus marquée sur la tout fin de la chronique.

En revanche, la station de Pellevoisin, indicateur du Cénomanien de l’Indre, est une nappe phréatique relativement moins significative pour le bassin du Cher comme son nom l’indique. Sa variabilité est bien présente mais beaucoup moins marquée que pour le Cénomanien de Touraine. Néanmoins, la tendance est aussi à la baisse pour cette nappes d’eau souterraines. 

L’indice SPI (Standardised Precipitation Index)

 L’indice SPI pour Standardized Precipitation Index a été conçu pour quantifier le déficit de précipitations à de multiples échelles de temps. Les cartes ci-dessous comparent cet indice sur le bassin du Cher de façon saisonnière, sur 3 échelles de temps traduisant, pour ce bassin :

  • la sécheresse météorologique sur 30 jours
  • la sécheresse des sols sur 90 jours
  • le déficit en ressource en eau: 180 jours.

Cet indice révèle que pour le bassin du Cher, malgré une situation météorologique légèrement plus favorable qu’en 2019, la sécheresse des sols ainsi que la pression sur  la ressource en eau de 2020 ont été globalement intenses, surtout sur le sud et le centre du bassin, y compris Yèvre-Auron.

Pour en savoir plus sur cet indice : SPI

Bilan et conclusion

A travers cette deuxième année de sécheresse consécutive, l’impact sur la ressource en eau est de plus en plus marqué. La baisse significative des débits des rivières et des nappes engendre la mise en place de dispositions de restrictions des usages. Une situation sensible tant pour le milieu aquatique que pour les usages du territoire (irrigation, AEP, Elevage…).

A la suite de la sécheresse de 2019, le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire a commandité au CGEDD (Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable) un rapport relatant le retour d’expérience sur la gestion de sécheresse 2019 dans le domaine de l’eau. Ce document, appuyé par un courrier ministériel aux Préfets coordonnateurs de bassinet aux Préfets de région et département du 23 juin 2020 a initié une démarche de refonte des arrêtes cadres sécheresse départementaux à travers une concertation des différents acteurs de l’eau. Ce courrier rappelle le besoin de solutions structurelles à mettre en œuvre pour répondre aux enjeux de la gestion durable de la ressource en eau afin de réduire les épisodes de crise (2 année sur 10 au maximum) ainsi que d’anticiper les effets du changement climatique.

Rappelons que la sobriété et la responsabilité de chacun dans l’utilisation de l’eau et l’une des solutions pour l’obtention d’une gestion durable de la ressource en eau.